Mon voyage en Web3
Il était une fois, je cherchais le terme Natural Feature Tracker pour un projet en réalité augmenté. La recherche Startpage m’indique qu’on appelle cela également NFT. Je relance une recherche. Je découvre les Non Fongible Tokens. Les NFTs. Sérendipité.
Dans une de mes vies, je suis artiste. Je griffonne des petits dessins sur ma peau à l’encre de Chine, comme un petit tatouage. C’est très éphémère car ça disparait sous la douche. Mon art est très confidentiel, il n’y a que moi qui le vois. Je n’ai pas l’intention de vendre ma peau (le business modèle n’est pas ouf). Ma carrière est toute tracée, je serai une artiste sans le sous. Mais ce jour où je découvre la technologie des NFTs basée sur la blockchain, j’entrevois des possibilités énormes pour les artistes.
Qu’est-ce qu’un NFT ?
Les définitions sont faciles à trouver. Pour moi, un NFT c’est un document numérique (jpeg, pdf, glb…) stocké sur un serveur et lié à tout jamais par un contrat (dit smart contract) qui stock les conditions de transactions, les transactions et le lien vers le fichier sur une blockchain. Un smart contract peut, par exemple dire qu’a chaque fois que le NFT est vendu, le créateur reçoit un % de la vente. C’est à mon sens une grande partie de l’intérêt des NFTs pour les créateurs. Si je vends ma peau pour 20 euros et que son acheteur la revend 2000, j’ai toujours 20. Par contre, si je la vends au format NFT et qu’elle est revendu 2000, j’ai 10% de la vente et cela à chaque revente, pour toujours.
Qu’est-ce que la blockchain ?
Dans mon esprit, c’est une sorte de grand livre (ou base de donnée) sur lequel sont inscrits sur chaque page (« bloc ») toutes les transactions réalisées entre les utilisateurs et ce grand livre. Quand une transaction est réalisée entre Yves et Béatrice, elle est soumise à des ordinateurs chargés de la vérifier (Yves a-t-il ce qu’il souhaite transmettre ?), valider (Yves est ok, il a pas grugé), inscrire (Yves a -1 et Béatrice +1) et verrouiller la transaction (dans un « bloc » et dont la clé est un Hash, une suite de caractères générée par un algorithme qui est différente si on change une virgule dans le bloc). Ceux qui s’occupent de cette tâche sont les ordinateurs de gens appelés « mineurs ». Je crois que ce terme est une image pour représenter la tâche accomplie pour la recherche de l’or et à sont coût en énergie. L’or est cher car sa recherche demande de faire des efforts, car rare. Les mineurs sont récompensés par des tokens (fongibles cette fois, comme des sous) en échange de leur PoW : Preuve de Travail (il y d’autres preuves utilisées, comme la preuve d’enjeu PoS), Yves paie des frais avec ce même token, qui sont appelé « frais de gas » et ces frais ont pour but secret de dissuader des malveillants (ça coûterait trop d’énergie).
Je ne sais pas si tout cela représente la réalité, c’est juste la mienne, comment je comprends et interprète toutes ces notions. Comme on dit dans le jargon : DYOR (Do Your Own Research : faites vos propre recherches), c’est passionnant.
A moi la gloire avec mes NFTs !
Le contraste entre l’éphémère de mes créations (de me gribouiller sur les jambes) et l’immuabilité de la blockchain est devenu une obsession. J’ai une appétence pour les technos (je suis dev) et une créativité débordante (je suis aussi artiste). C’est comme si les points se reliaient enfin et dessinaient l’œuvre de ma vie (je suis un peu mégalo, aussi ^^). J’ai pris des photos de mes dessins et j’ai voulu les tokeniser (mint en jagon).
oui mais non.
J’ai choisi une blockchain (il y en a plein), Ethereum. Et un service pour gérer les transactions, OpenSea. Mais qui dit tokeniser, dit interagir avec la blockchain et donc payer mon dû en frais de gas. Il me fallait des ethers, cryptomonnaie native de la blockchain Ethereum. Pour m’en procurer, j’ai choisi Binance, un service qui met en relation les vendeurs et les acheteurs (une place de marché appelé aussi un exchange). Je ne comprenais pas tout, ça m’a demander des efforts. Et vous savez qui a brisé mon rêve sans aucun honte ? Ma banque ! J’ai découvert que MON argent, je n’avais pas le droit de l’utilisé comme je voulais. Parce que pour elle, crypto=drogue. C’est pas complètement faux, mais là c’est plus complètement vrai non plus. On peut faire des tas de trucs avec des cryptos, comme mint un NFT sur une blockchain. Mais mon avenir artistique n’a pas ému la banquière.
Mon voyage commence.
Mais rappelez-vous, je suis méga déter. Et dans cet univers, c’est un vrai point fort (parce qu’il y en a des embuches, croyez moi). Dans ma soif de connaissances, j’ai compris que certaines cryptos étaient minables (choisissez le sens de ce mot), c’est à dire qu’il est possible de faire tourner un logiciel qui valide les transactions et être récompensé en crypto pour cet effort surhumain. Il faut un ordi et une bonne carte graphique bien chère.
J’avais quelques sous (que ma banque ne voulait pas que j’utilise pour acheter des cryptos), alors je me suis offert une magnifique carte graphique qui clignote dans tous les sens, preuve, probablement, de sa puissance. Je l’ai montée sur mon pc, en m’égratignant le dos des mains dans ma tour trop petite. Et j’ai passé un bon bout de temps a comprendre comment j’allais transformer ce joyau de technologie en or numérique.
J’ai trouvé. Internet a ça de magique, on trouve TOUT. Organes (beurk) et tutos super bien fais mais où il manque toujours le petit truc pour que chez toi, ça marche. En en regroupant une bonne 10aine, j’ai vaincu.
Mineuse d’éthers
Carte graphique opérationnelle –Check
Porte-feuille numérique — Check
Pool de minage — Check
Logiciel de minage — Check
Overclocking — Check
*clic cling clic*
Bruit des pièces numériques qui tombent dans mon wallet.
Être mineuse de crypto est à ce jour l’une de mes plus grandes fiertés et aussi l’activité qui m’a le plus fait comprendre l’intérêt des cryptos. J’ai miner d’autres cryptos, construit des rigs (assemblage de plusieurs carte graphiques sur une carte mère dédiée au minage), manipulé les notions de blocks, difficulté, gas price, hash rate…
A défaut d’avoir acheté mes premières cryptos, je les ai littéralement fabriquées, à la force de mon index droit cliquant sur la souris.
C’est très lent, une seule carte graphique n’a pas un hash rate (puissance de calcul) très élevé. Les gens qui font vraiment des sous en minant ont beaucoup beaucoup de cartes graphiques (ce qui a valu dans les moment fast des pénurie de cartes graphiques et des prix devenir très élevés). J’ai mis plusieurs semaine à réunir la somme nécessaire pour effectuer mes premières transactions.
Nous sommes au printemps 2021, c’est la folie crypto, l’Ether est à 1400 euros et atteindra près de 4000 euros quelques semaines plus tard. Avant un crash qui pique et une remontada épique. Je découvre la volatilité de ce marché et les émotions qu’il procure. Je suis sur Twitter et je vibre au rythme de la valeur de mon petit porte-feuille. Je ne suis pas passée du côté des traders. Pour une raison personnelle : les exchanges, ces plateforme de trading, deviennent peu à peu régulées et l’apparition du KYC (« Connais ton client ») ne m’inspire pas du tout. Il faut envoyer sur des serveurs étrangers la copie de son passeport, une photo, un justificatif de domicile, une analyse d’urine (nan j déconne). Je suis une OG (Original Gagster) des internets. Ma vie privé est une valeur importante. Et puis 1 ether = 1 ether dans mon coeur. Les monnaies fiat ne sont plus à mon goût (même si je hodl mes cryptos, c’est à dire que je les garde à long terme, en vue d’une hypothétique flambée, qui me permettrait d’arrêter, genre vraiment, de travailler. Je reste vénalement humaine).
Bitcoin maximaliste
Dans cette aventure épique, j’ai découvert également la quantité impressionnante de cryptos différentes qui existent. C’est vraiment fou. Il y a plusieurs raisons à cela, j’imagine, même si je pense que pour beaucoup, c’est histoire de faire des sous grâce à ce qu’on appelle shit coins ou mème coins. Ils ont la même mécanique mais n’apportent rien de plus. Et puis il y a les jetons utilitaires, qui se pavanent sur les blockchains, au côté des tokens natifs et qui permettent de financer des projets. Un jour j’ai failli créer ma crypto, genre le Mi coin. Mais les frais de gas étaient tellement élevés que j’ai renoncé. Pas dit que je ne réitère pas ! Pour le fun, pour récompenser mes très chers lecteurs, pour conquérir le monde… enfin, surtout pour le challenge.
Dans l’univers crypto, il y a le père spirituel des toutes les autres : le bitcoin (et sa blockchain Bitcoin).
Satoshi ce génie
Si il y a une histoire qui m’a fait dériver loin loin loin, c’est bien l’histoire de la création du bitcoin, la première cryptomonnaie. Acte fondateur d’une ère de tous les possibles, le block génésis (comme genèse, c’est à dire le 1er) est créé le 3 janvier 2009 en réponse à une grande crise économique, par un ou une ou plusieurs développeur.se.s, du pseudo Satoshi Nakamoto. Cette histoire est folle parce qu’il a créé Bitcoin, puis il a disparut (ou si il s’agit de Hal Finney, il est cryogénisé). Je pense qu’il est probablement venu du futur pour sauver l’humanité de sa connerie d’argent qui le menait à sa perte, je ne vois que ça.
Bitcoin, c’est un changement de paradigme. Un vrai de vrai. Wikipédia dit : « L’ objectif est de créer un système décentralisé et pair-à-pair afin d’échanger de la valeur monétaire en s’affranchissant de tout organisme tiers, tel que les institutions financières ». J’ai du mal à comprendre toutes les subtilités mais l’une des choses importantes qui change tout, c’est qu’il a un nombre fini, 21 000 000. Pas un de plus. C’est le code qui le dit. Après ça, vers 2140 quand tous les bitcoins auront été minés, on découpera la pizza en plus petites parties (un bitcoin est divisible jusqu’à 8 chiffres après la virgule).
Bonne idée qui a l’air mauvaise…
Le bitcoin, pour sa création et ses échanges, demande de l’énergie électrique. C’est même là-dessus que sa sécurité est basée en partie. Et qui dit énergie, dit pollution pour la fabriquer et c’est pas très écolo. Mais en vrai, le système bancaire classique aussi demande de l’énergie, et pas que pour les transactions Visa. Il y a les bâtiments, les gens qui y travaille, des serveurs…
Il y a des pistes à explorer au niveau de l’utilisation des surplus de production d’énergie ou des énergies vertes. Une ferme de minage peut techniquement s’implanter n’importe où, même dans une chaudière pour chauffer l’eau.
C’est un choix à faire. Où souhaite-t-on investir notre énergie ? Dans un système bancaire qui n’est pas accessible à tout le monde, dont on peut être dépossédé à tout moment si la morale décide que vous être dans un mauvais camps ? ou dans un système « acéphale, décentralisé, ouvert. Nul n’a de pouvoir sur lui. Il n’a ni leader ni gestionnaire. Il appartient à tous et à personne » (d’après cette article).
Ou mauvaise idée qui a l’air bonne ?
Système Ponzi, volatilité, financement du terrorisme… Il y a de quoi opposer à bitcoin. Les lobbies sont des 2 côtés, il n’existe pas de vérité absolue. DYOR.
Je ne suis pas devenue bitcoin maximaliste (les extrêmes c’est pas toujours pertinent) mais je suis tombée en amour avec son histoire, sa vision, ses usages et sa communauté.
Un voyage sans fin
Le web3 est d’une vastitude incroyable. Dans le jargon, on appelle ça le « Rabbit Hole ». Et j’ai fait ma Alice, comme beaucoup. Je n’ai pas encore le recul pour parler clairement de ce qui va probablement s’imposer à nous d’ici quelques années (j’ai même pas encore tenté de trouver la sortie).
Dans le metaverse
Mon Discord compte une 50aine de serveurs, les gens que je suis sur Twitter nourrissent chaque jour ma procrastination. J’ai cru que la création de mes 1er NFTs était l’arrivée de mon voyage, ce n’était qu’une étape. Il n’y a aucune destination. A cela, rajoutons que la planète web3 ne s’arrête jamais de tourner, c’est une mise en lien mondiale où il fait toujours jour quelque part. Et en tant qu’européenne, je pense que je suis sur une time zone assez pourrie. Mon cycle circadien en a pris un coup et le rythme de ma mise en lien avec l’autre côté de la planète est proportionnellement inverse à ma mise à l’écart du monde dit réel. Et pourtant, je ne me sens pas isolée.
Pour moi c’est ça le metaverse.
Décentralisé
Finance, organisation, application + web3 = DeFi, DAO, DApp.
Le D, c’est pour décentralisation, mot magique et porteur d’espoir : par les gens, pour les gens. Ça c’est le portrait idéal. En vrai, je crois que c’est pas aussi joli que ça. Certains composants sont régis par des entreprises privées, centralisées, et ça fait moins rêver. Par exemple, dans le monde des NFTs, la plateforme OpenSea est largement utilisée pour vendre. Et bien OpenSea stock le fichier lié au NFT sur des serveurs centralisés. Ça veut dire que si OpenSea disparait, le fichier également. Le NFT existera toujours en tant qu’objet de transaction, mais il n’y aura plus d’accès au visuel. C’est dommage. Et c’est relou. Mais en échange de cette fourberie, OpenSea permet de mettre en vente ses NFTs à peu de frais…
La DAO, pour Organisation Autonome et Décentralisée, est un champs de recherche qui m’obsède beaucoup. Loin d’en saisir les subtilités et son potentiel, je crois sincèrement que c’est un concept d’avenir. Quand j’aurai fait le tour de la question (ce qui est peu probable d’arriver), j’en parlerai peut être, avec mes mots.
Un voyage personnel
Cette histoire est mon histoire personnelle. Mon chemin en web3, je le trace à la lumière de mes intérêts et préoccupations. Sa coloration est propre à mon sac à dos rempli d’envie de liberté, de ma culture numérique et de mon regard naïf. Chacun a son sac à dos, et son voyage en sera différent. Un développeur ou un trader ne remarquera pas les même paysages et les petits cailloux tout du long. Mes compréhensions des concepts sont imprécises voir fausses, je ne me leurre pas. J’avais besoin de documenter cet extraordinaire changement de paradigme que j’ai la sensation de vivre.
Mais peut-être que ce n’est qu’une bulle, comme internet 😉
Pour aller plus loin
Le mystère Satoshi - Aux origines du Bitcoin
VOD Arte – Disponible : Du 17/11/2021 au 20/10/2024
Mes NFTs
Miplayer1 – Opensea
Hopium Diaries - Dystopian Dreams
rektTV
Que sont les DAO, ces organisations décentralisées et sans hiérarchie qui agitent la cryptosphère ?
Cyril Fiévet – clubic
Hyper-bitcoinisation, toxicité des maximalistes, et MNBC
Gilles Cadignan – Grand Angle Crypto
Suivre le marché des très nombreuses cryptos
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